Un ange cornu avec des ailes de tôle

Comme dans la plupart de ses livres, Michel Tremblay nous offre une part de son enfance colorée, pétulante et vibrante d'amour au sein de sa vaste famille, mais cette fois, il choisit de nous la présenter sous l'angle unique de l'enfant, et de l'homme du livre qu'il a toujours été, toujours depuis que, tout petit déjà, il partait, un livre calé contre lui, porter de l'autre côté de sa rue les romans que s'échangeaient sa grand-mère et une vieille voisine clouée sur sa chaise.

Douze lectures ponctuent ces récits, marquant chacune une prise de conscience, une expérience, une révélation qui façonneront le petit Michel en tant que lecteur, en tant qu' homme et en tant qu' écrivain dès lors que la passion de la lecture l'a saisi, le confinant des jours entiers dans un vieux canapé, nourrissant ses réflexions, donnant lieu à des échanges animés entre lui et sa mère, le révélant enfin à lui-même et à sa vocation d'écrivain...

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Commentaire

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Par sa chaleur et sa grande sincérité, ses dialogues succulents en joual, Michel Tremblay imprime un style particulier à ses oeuvres: un style enjoué mais d'où les souffrances liées à une sensibilité exacerbée ne sont pas absentes, un style tendre mais où les dialogues peuvent être acérés, un style poétique d'une beauté suffocante.

Cet hommage aux livres et aux auteurs qui ont inspiré son parcours est aussi un hommage à sa mère, hélàs décédée avant d'avoir pu apprendre que son fils écrivait.

« J'aime les livres, je I' ai assez dit jusqu'ici, j'aime les palper,les feuilleter,les humer; j'aime les presser contre moi et les mordre; j 'aime les malmener, les sentir vieillir entre mes doigts, les tacher de café- sans toutefois faire exprès-, y écraser de petits insectes, l'été, et les dépose n 'importe où ils risquent de se salir, mais quand je vois pour la première fois un de mes livres à moi, un enfant que j'ai pensé,pondu, livré, l'émotion est tellement plus forte, la joie tellement plus vive, que le monde s 'arrête littéralement de tourner. Je ressens une petite secousse comme lorsqu'un ascenseur s'arrête, mes genoux se dérobent, mon coeur tape du pied comme ma grand-mère Tremblay sur le balcon de la rue Fabre quand j 'étais enfant, et chaque fois – ce livre-ci sera le quarantième -, je pense à maman qui n'a jamais su que j 'écrivais, qui est partie doublement trop tôt: parce que je I'aimais et parce que je n'ai jamais pu lui confier les deux secrets de ma vie, mon orientation sexuelle et... Qu'aurait-elle dit en ouvrant le premier livre de son fils qui I'avait si souvent exaspérée? »

Comments

[liliba]

Jamais lu cet auteur, mais je crois qu'il va vite falloir que je remédie à cette lacune...

[Marie]

Merci pour cette présentation et cet extrait !
Ce livre me paraît fait pour moi. Hop, il est dans ma LAL ! :-)

[Ys]

Je n'ai jamais lu cet auteur et à dire vrai, je n'en avais jamais entendu parler avant de fréquenter les blogs. Il faudrait que je remédie à ça...

[dourvac'h]

Erratum : "blasé" et non "lasé"...

[dourvac'h]

Michel Tremblay m'a fait ressouvenir des rapports qu'on peut avoir avec ses propres livres... Au sixième enfant, on est un peu lasé, c'est terrible !!! alors qu'au premier, au premier... la course des planètes s'arrêtait net !!! (rires)... Et des choses effarantes : dans votre propre famille, vos parents et frères et soeurs semblent se contrefiche totalement que vous ayez "écrit des histoires" qui à vous, vous tenaient tellement à coeur... ou ils vous en parleront au "repas de famille" en trois mots (l'ont-ils lu, votre bouquin ? Bin, à peine sûr... car ils n'ont pas eu à l'acheter, circonstance aggravante qui "explique"...) . Très beau style de Michel Tremblay : fluidité, simplicité, chaleur humaine... Bises & Amitié à toi, chère Sybilline !