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Bibliophagie
16 septembre 2009

Délire

9782702136089

De retour après 4 jours d'absence, Aguilar retrouve sa jeune femme Agustina en état de choc, prostrée dans une chambre d’ hôtel . Aguilar aime avec passion Agustina, cette étrange, fantasque et belle femme douée de dons de voyance. Désespérément, il tente de comprendre ce qui s'est passé durant son absence, comprendre les raisons de la folie de sa femme pour la guérir et pour pouvoir continuer à l’aimer.

Quatre récits vont alors s 'intriquer pour nous éclairer sur le passé d'Agustina : celui d'Aguilar, blessé par la violence et les obsessions folles de sa femme; celui de la tante Sofi, revenue de loin pour veiller sur sa nièce et qui, dans le passé, a vécu chez sa soeur et son beau-frère; celui qu' Agustina aurait voulu faire à son mari mais qu'il s'est toujours refusé d' écouter, faute de disponibilité; et enfin, celui de Midas McAlister, le trafiquant de drogues qui assurait la fortune suspecte du père d'Agustina.

On apprend ainsi la brutalité de ce père envers son plus jeune fils, sensible et efféminé; l’adoration d'Agustina pour ce père violent qui ne doit sa fortune qu'à la mafia régnante, cet père dur, coureur, mais qui sait habilement user de séduction et de flatterie. Par petites touches, on pénètre ainsi la turpitude de cette famille et le délire d'Agustina prend alors sens d'être une tentative vaine et impossible pour à la fois exorciser la noirceur de sa famille et lui maintenir sa fidélité.

Et prend sens aussi de constituer sa seule façon d'être entendue par son mari, d'écrire cette autobiographie dont elle rêvait qu'il l'écrirait après l'avoir entendue...

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Commentaire

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L’auteur utilise une langue originale faite de longues phrases poétiques et parvient merveilleusement à dire la confusion de l’esprit malade de l’héroïne et de son pays.

Ce roman sompteux sur l'amour, le remords, la violence, la corruption  et l'ambivalence des sentiments se lit, s'écoute telle une symphonie où quatre mouvements viendraient se croiser, se répondre, se dissocier et se rejoindre pour se terminer, discrètement, sur une petite note claire...

«Que ne donnerais-je pour savoir que faire, dit Aguilar, mais je n'ai qu'une angoisse monstrueuse, quatorze nuits sans dormir, quatorze jours sans repos, et la ferme intention de tirer Agustina de là quand bien même elle s'y oppose. Elle est furieuse. Furieuse et désarticulée et abattue; son cerveau a éclaté en mille morceaux et pour I'aider à le recomposer, je ne peux que me laisser guider par Ia boussole de mon amour pour elle, mon immense amour pour elle, mais cette boussole est pour l'heure incertaine parce qu'il m'en coûte de l'aimer, par moments il m'en coûte même énormément, car mon Agustina n'est pas aimable et ne paraît plus m'aimer, elle me livre une guerre sans merci dont nous sortons brisés tous les deux. Guerre ou indifférence, sans savoir laquelle est la plus difficile à combattre, Aguilar se console en pensant que ce n'est pas elle qui le hait mais cette personne étrange qui a pris possession d'elle, cette lavandière forcenée pour qui il n'est rien d'autre que celui qui salit tout ce qu'il touche »

Le style de cette auteur est si proche de celui de Saramago que l'on comprend aisément l'éloge de ce dernier :

"Délire est l'expression de tout ce que la Colombie a de fascinant, y compris d 'horriblement fascinant. Quand l'écriture atteint le niveau où la porte Laura Restrepo, il faut tirer son chapeau. D'innombrables lecteurs s'apprêtent à ressentir le plaisir de lire l'un des meilleurs romans écrits ces dernières années."

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Laura Retrepo

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restreposg1

Laura Restrepo est née à Bogotá en 1950. En 1989, contrainte à l'exil après avoir participé à l'un des processus de négociation avec la guérilla, elle se consacre à la littérature

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Commentaires
S
Intéressant, c'est curieux comme le style d'écriture, un peu décousu, me rappelle celui de Mazarine Pingeot dans le "Cimetière des poupées", le thème est également la folie, mais l'histoire est bien différente.
L
petit billet très tentant! le thème me plaît par contre j'ai peur d'avoir du mal avec le style de l'écriture
S
@ Arlette : Je viens de voir ton blog! Merci pour ce magnifique prix que tu as, à juste titre, reçu parmi les tous premièrs récompensés !
A
Un petit passage pour t'informer que je t'ai attribué un prix . bises Arlette
P
En effet, c'est très tentant!
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