Les vestiges du jour
Après de longues années au service de Lord Darlington, Stevens poursuit ses fonctions de majordome auprès de Mr. Farraday, un homme d'affaire américain qui vient d’acquérir le domaine de Darlington Hall
Comme Mr Farraday manque de personnel, et que l’ancienne intendante de la maison, miss Kenton vient de lui écrire après sept ans de silence, Stevens propose d’ entreprendre un voyage solitaire dans le but de la ramener à Darlington Hall. Ce long voyage sera l’occasion, pour le majordome, de parcourir également son passé.
Tout au long de sa vie, Stevens s’est toujours confondu entièrement avec sa profession, exigeant de lui-même la parfaite maîtrise de soi et le sacrifice total de ses sentiments et de ses émotions. Il va donc de soi que Stevens a refoulé son amour pour Miss Kenton : un majordome se doit de s’interdire tout rapport autre que professionnel avec les membres au service d’une maison
Pareillement, Stevens ne se permet aucun jugement sur son ancien employeur, Lord Darlington, alors qu’il est évident que ce dernier fit honneur aux Nazis. Mais cette vérité là est réprimée, contournée.
Seules sa dignité et la question " Qu'est-ce qu'un grand majordome ?" le préoccupent par delà tout autre considération. Pour ces valeurs là, il sacrifiera tout.
Et le voyage se poursuit, tandis que Stevens se laisse gagner par l’espoir de se déclarer enfin à miss Kenton...
Commentaire
Un roman merveilleux, où l'écriture se conjugue admirablement avec le caractère du personnage principal, rigide et engoncé dans ses préjugés...
Ishiguro se révèle un grand explorateur de l’âme : Il nous permet d’entendre, dans les non-dits du discours de Stevens, criblé de méconnaissances et de tricheries, les sentiments qu’il refoule au nom de son idéal, ou plutôt de son obsession, d’incarner le majordome parfait.
Et pourtant, on ne peut s’empêcher d’ ’éprouver de la compassion pour cet homme qui n’a jamais connu que la rigueur d’un père (il n’y eut aucune tendresse maternelle dans sa vie), majordome strict que Stevens a érigé en modèle idéal, et parce que, finalement, quand il reconnaitra son sentiment pour miss Kenton, il ne sait qu’en faire ni comment l’exprimer. Comment ne pas s’émouvoir alors de la détresse du majordome face à cette incapacité ?
Il faut vraiment lire ce grand roman bouleversant, d’une grande profondeur et dont le style est un émerveillement renouvelé à chaque ligne...