Magnus
Hambourg 1943. Au cœur de la ville bombardée, un petit enfant, terrifié, assiste à la mort de sa mère emportée par les flammes. Dans ses bras, il tient un petit ours en peluche nommé Magnus... Et puis c’est l’oubli, l’amnésie ..
Quand il reprend pied avec la vie, le garçonnet a 5 ans, s’appelle Franz-Georg Dukental, fils de parents allemands dont il apprendra, bien plus tard, qu’ils furent des nazis convaincus et actifs. Lors de la déroute de l’Allemagne en 1945, la famille doit fuir, changer plusieurs fois d’identité. Son père émigre en Amérique Latine et est, peu après, porté pour mort..
Confié à un oncle retiré à Londres, Franz-Georg reste hanté par le souvenir de ce père dont il cherchera la trace en Amérique du Sud. C’est là qu’il a la révélation du drame vécu à Hambourg. Après une période où Magnus veut tout oublier de son passé, la question de son identité ressurgit, identité néanmoins captive de cette famille criminelle qu’il crut si longtemps sienne.
C’est en épousant la femme du crime et en se vengeant du père du crime retrouvé par hasard que Magnus perdra tout... Pour retrouver l’image d’un père en ce Frère Jean entouré d’ abeilles bourdonnantes qui lui montrera la voie de la paix et du renoncement...
Commentaire
Sylvie Germain déploie une écriture tout à fait personnelle, poétique, envoûtante, lyrique, magique, au point qu’elle semble, par moments, appartenir au domaine de l’incantation, de la célébration pure de la langue ou de ce propos d’une philosophie du langage qu’elle résume si bien au début de son livre : "Ecrire c'est descendre dans la fosse du souffleur pour apprendre à écouter la langue, respirer là où elle se tait, entre les mots, autour des mots, parfois au coeur des mots."
Ais-je aimé ce roman ? Certes l’écriture est d’une grande beauté poétique, mais elle pèche par son manque de vie et de spontanéité.
Certes, l’histoire de cet homme qui perd son nom et ses racines mais en garde le poids et la culpabilité, et qui, après un long parcours fait d’évitement, de révélations, de fuite, finira par se re-choisir un nom et opter pour le déracinement, est intéressante, mais elle manque de chaleur, et l’on sent trop que Sylvie Germain conduit ses personnages (comme l’on conduit une thèse) bien plus qu’elle ne se laisse conduire par eux.
Mon appréciation est fort mitigée, donc...