le Pavillon d’Or
Mizoguchi, jeune garçon, entre, en qualité de novice au service du Prieur du Pavillon d’Or, un sanctuaire religieux bâti sur les hauteurs de Kyôto.
Persuadé d’être investi d’une mission suprême, le jeune homme, qui souffre de bégaiements, d’un corps infirme et d’une singulière laideur, renverse ces souffrances en un orgueil démesuré qui le consume.
Pour Mishima, et pour son héros, tout ce qui est d’une sublime beauté est destiné à la destruction. Tel est bien en effet l’attrait qu’exerce le Pavillon d’Or sur Mizoguchi. La beauté du monument est un vivant reproche à la laideur morale et physique de l’apprenti moine, et en ce sens, il fait l’objet de sa détestation de, mais il est également un appel à l’appropriation de sa beauté suprême, et en ce sens,
il est célébré et admiré par jeune moine. La solution qui s’impose devant un tel partage est limpide pour le jeune novice : l’incendie.
Le feu représente, en effet, une purification pour celui qui commet cet acte et qui s’en verra transformé, libéré, apte à une renaissance “Dans l’autre poche, ma main rencontra le paquet de cigarettes. Je me mis à fumer. Je me sentais l’âme d’un homme qui, sa tâche terminée, tire une bouffée. Je voulais vivre.”
Commentaire
Mishima s’est inspiré d’un fait réel pour écrire ce roman étrange et retors, qu’une célébration poétique de la nature rachète néanmoins.
Profondément japonais dans l’âme, souvent opaque à notre mentalité occidentale, cet auteur me semble posséder tous les ingrédients de ce qu’on appelle, sur notre continent, le mouvement décadent (ce courant d'idées, né à la fin du XIXe siècle, et qui se traduit, notamment, par une crise de confiance désespérée, une perception aigue de l’éphémère, une stimulation de la sensibilité et de l'imagination, un triomphe de l'art et de l'artifice sur les sollicitations de la vie quotidienne.)
Le pavillon d’Or dégage une ambiance étouffante, il met en scène des personnages juchés à la frontière de la perversion, fascinés tant par le mal que par la beauté dont le mal déjà se saisit, mais son écriture est d’une très grande beauté, une beauté que rien, ici, ne dénature ni ne vicie