Une histoire du monde en 10 chapitres et demi
Dans ce recueil d'histoires, Barnes va nous conduire dans un voyage étonnant et merveilleux à travers la mer. Tantôt facétieux, tantôt sérieux, différents tableaux se succèdent depuis Noé et son arche contenant de bien curieux passagers, jusqu’aux dernières nouvelles (au double sens du terme). Au chapitre deux, un commando de terroristes palestiniens s’est emparé d’un navire de croisière, et force l’un des passager, conférencier de son état, à convaincre par son discours les autres passagers de la nécessité de leur exécution. Les terroristes opèrent la sélection des otages selon leur nationalité, tout comme Noé sélectionnait arbitrairement la montée des animaux dans l'Arche... En effet, et pendant tout le livre, le lecteur détectera qu’une nouvelle renvoie toujours, par un de ses traits, à l’autre, il sera ainsi ballotté au gré des vagues, des remous, des flux et reflux maritimes qui vont allègrement se jouer de lui, pour son grand bonheur.
"Est-ce que l'histoire se répète et se présente la première fois sous la forme d'une tragédie et la seconde fois sous la forme d'une farce ? Non, c'est trop grandiose, c'est apporter trop de considération au processus. L'histoire rote tout simplement et nous respirons encore l'odeur du sandwich à l'oignon cru qu'elle a avalé il y a quelques siècles".
Commentaire
Dans ce roman-nouvelles, Barnes déploie toute la panoplie de ses talents multiples : il sait se montrer outrancièrement fantasque, parfaitement classique, poète, philosophe, savant, pour notre bonheur, notre émerveillement ou notre irritation.
Ce gros livre présente également une longue étude sur « Le radeau de la Méduse» de Géricault, passionnante, édifiante et fouillée ainsi qu’un court passage, bouleversant de tendresse, où Auster s’endort auprès de sa femme..
Si l’œuvre de cet auteur est fort inégale, « une histoire du monde » est, à mon sens, l’un de ses ouvrages majeurs