Ce roman suit le parcours d’une jeune femme chinoise, Mei-Li, durant soixante ans de sa longue vie. Dans ce 1920 marqué par le poids des traditions, la jeune Mei-Li, âgée de 16 ans, est mariée traitreusement à un homme aveugle et paralysé, mariage tramé par la haine de sa seconde mère qui veut ainsi se venger des velléités d’indépendance de Mei-Li.

Cependant, entre Mei-Li et le frère de son époux, ce sera le coup de foudre et bien que ce dernier prenne aussitôt la fuite, une rencontre aura lieu, suivie de la naissance de la petite Bai-Lian. Considérée comme sa propre fille par le généreux époux de Mei-Li, Bai-Lian se mariera librement. Toutefois, en 1949, l'arrivée au pouvoir du parti communiste ruinera sa vie : son mari sera envoyé dans un camp de redressement pour avoir critiqué le gouvernement, la laissant seule avec un fils et une fille, Fan-Fan.

Mei-Li vient alors rejoindre sa fille pour l’assister et, à travers les oppressions, les cataclysmes naturels, les rigueurs d’une pauvreté généralisée, elle sera le pilier et la force de cette famille éprouvée ; plus encore, elle maintiendra, à travers l’adversité, le regard viré sur cette couleur rouge, la couleur du bonheur...

Commentaire

Sorte de mère courage, l’héroïne de ce beau roman ne se départira jamais de sa bonté, de ses espoirs, de sa générosité au cours d’une existence pourtant criblée de souffrances, de débâcles et d’inconforts.

Si, de son éducation traditionnelle et stricte, elle préserve l’endurance et la soumission sans révolte aux cruautés de la vie, elle se défera aisément de ses habitudes de richesse et de ces codes antiques qui allaient à l’encontre de l’amour.

Mais ce qui la rend par-dessous tout attachante et digne d’admiration repose sur son inclination à cueillir les infimes fleurs de bonheur pour, au seuil de la mort, les rassembler en un bouquet de reconnaissance qu’elle partagera avec sa petite-fille, Fan-Fan :

« Pour moi, le bonheur n 'est pas quelque chose d 'abstrait mais I 'accumulation des moments heureux que la vie m'a réservés et me réservera, innombrables. La question c'est de savoir les saisir à la volée, les vivre pleinement. Quand j 'ai revu ton grand-père Jing-Ming j'ai été heureuse ; quand j 'ai su que j 'étais enceinte, j' ai été heureuse ; quand je savourais les nouilles de riz de tante Liu, j'étais heureuse ; quand ta maman est née, j'ai été heureuse ; quand j 'ai aperçu ses premières dents, j 'ai été heureuse; quand je la voyais grande, belle et gaie, j 'étais heureuse; quand j 'ai préparé le repas de noces le jour de son mariage, j'ai été heureuse ; quand j’écoutais l’opéra Gui, j 'étais heureuse; quand je trouvais une jolie phrase dans ma lecture, j'étais heureuse [.....] Ce sont ces moments lumineux et bien d'autres, parfois très brefs, mais toujours aussi réels, aussi palpables et aussi essentiels que le sel et le riz qui ont adoucis les coups durs du destin et qui m'ont fait sentir que, malgré tout, la vie vaut la peine de vivre... »

Je ne sais si l’écriture de Wei-Wei, simple et d’une grande beauté, riche et émouvante, reflète ou émane de son personnage principal, tant l’harmonie entre l’une et l’autre résonne à chaque page, tant le bonheur de lecture que l’on prend à la parcourir se confond avec celui qui tient au cœur de son héroïne...

.

Wei-Wei

..

Wei-Wei est née à Guangxi en 1957, au sud de la Chine. Adolescente à la fin de la révolution culturelle, elle est envoyée à la campagne pour être rééduquée. Après des études de français, elle séjourne à Paris, puis à Manchester, où elle vit actuellement.

La Couleur du Bonheur est son premier roman.

La couleur du bonheur

Partager cet article