L’histoire se déroule au Danemark, peu après la seconde guerre mondiale.

Comme l’on feuillette un album de photos souvenirs, Knud, le narrateur, un jeune garçon d’environ 9 ans, évoque une par une les figures familiales qui ont pénétré son enfance. Il passe ainsi d’une époque, d’une scène, d’un personnage à l’autre pour en composer un portrait sensible, nuancé et douloureux.

Parmi eux, un grand-père excentrique toujours lancé dans de fabuleux projets de modernisation qui capotent à chaque fois, une grand-mère gravement brûlée durant la guerre, un père obsessionnel de l’ordre et de la propreté, une mère courageuse, pleine de générosité, mais allemande d’origine et, de ce fait, ostracisée selon l’équation allemand = nazi, alors même qu’elle fut une résistante. Un ostracisme et un rejet qui retombent sur son fils Knud, raillé et brimé par les enfants danois qui le traitent de « cochon d’allemand ».

Entre la stricte ordonnance de son père, le triste courage de sa mère qui engourdit sa souffrance dans l’alcool et les cruautés des enfants, Knud mène une existence sans joie et désespérément solitaire. Il ne trouvera de consolation que dans sa passion pour la lecture et l’écoute de la radio, ces deux seuls interlocuteurs étrangers à la famille dont la parole n’est ni blessante ni dépréciative.

Commentaire

Knud Romer fait preuve d’un superbe talent d’écriture dans ce livre qui va droit au cœur des événements et des êtres.

Racontée par un enfant, cette hargne du voisinage qui confond l’Allemagne hitlérienne et l’ individu allemand éventuellement opposé au régime, est subie à la fois dans la honte et dans l’incompréhension. Le jeune Knud ne cessera de porter sur ses congénères un regard innocent et dépourvu de toute victimisation comme de toute revendication.

En effet, face à tant de souffrances venant de leurs voisins danois, pas un instant, ni la mère, ni l’enfant n’éprouveront la moindre haine, la moindre acrimonie à l’égard de ce pays qui les accueillit si mal, sauf tout à la fin, quand Knud explosera de rage et de douleur suite à la mort de sa mère tant aimée.

L’auteur souligne, dans une écriture tout en finesse et en retenue, comment la bêtise et les préjugés peuvent mener à une violence terrifiante et comment le mal peut prendre le masque de la juste cause.

Je dois à Sébastien L. de m'être immergée pleinement dans ce magnifique livre.

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Knud Romer

Knud Romer est né en 1960, il aétudié l’histoire littéraire comparée, se spécialisant en histoire de la mentalité et en théorie de la fiction.

Concepteur-rédacteur pour des agences publicitaires, il a également été interprète dans les films "Les Idiots" de Lars von Trier et "Allegro" de Christoffer Boe. De plus, il a fait publier de nombreux traités culturo-historiques

Cochon d’allemand

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