La double vie d’Anna Song

Tout jeune encore, Paul perd ses parents et se voit confié à sa grand-mère. Pour sortir l’enfant de sa détresse et de son isolement, elle l’amène chez une voisine et amie vietnamienne dont la petite fille, Anna, a le même âge que Paul. Une amitié profonde nait aussitôt entre les enfants, amitié exponentialisée par la passion et le don d’Anna pour le piano. C’est auprès de sa petite compagne que Paul apprend à aimer cet instrument, à parfaire ses connaissances musicales en même temps qu’il s’éprend de celle qui sera désormais et pour toujours son seul amour.

Poursuivant la ligne de ses souvenirs, Paul relate ensuite l’accablement qui le frappa lorsqu’ Anna dut partir rejoindre ses parents aux Etats-Unis, la correspondance assidue entre les enfants et puis le silence subit d’Anna, un silence inexpliqué, un silence malgré et contre lequel Paul tenta de construire sa vie …

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15 ans plus tard, Anna rentre en France, retrouve Paul et lui révèle la paralysie des doigts qui mit fin à sa carrière, sa lutte vaine pour guérir, son repli mais aussi son intense désir de revoir son ami, son amour..

Peu après le mariage de Paul et Anna,  un médecin parvient à guérir la jeune femme mais c’est alors le cancer qui s’attaque à elle, confinant peu à peu ses prestations pianistiques au studio que son mari lui crée afin d’y enregistrer et de rendre publiques les exécutions magistrales d’Anna.

Très vite, Anna devient La grande pianiste encensée par la presse et le monde musical, mais cet engouement sera de courte durée,  Anna meurt et c’est alors le scandale qui éclate : tous les enregistrements d’Anna seraient des faux, des copies d’œuvres exécutées par d’autres interprètes et subtilement trafiquées par Paul, l’escroc désormais vilipendé et pourchassé.

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Commentaire

Magistralement construit, passionnant, sensible et porté par une écriture admirable, « La double vie d’Anna Song » est, de plus, un roman qui suscite d’innombrables interrogations.

Je vous en livre quelques unes qui me sont venues en fermant ce livre :

-Nos souvenirs ne sont-ils pas, en finale, des enregistrements falsifiés, truqués en fonction de nos mobiles et états d’âme actuels ?

- Notre vie, celle que nous nous racontons ainsi qu’aux autres, n’est-elle pas une vaste fable, une composition où s’entremêlent indistinctement nos rêves, nos justifications et nos compensations ?

- Ne sommes-nous pas dès lors que nous parlons, dès lors que nous écrivons, des illusionnistes, des escrocs ? Mieux même, notre langage, notre écriture ne contribuent-ils pas, tout autant à nous faire exister qu’à nous justifier de l’imposture qu’est cette existence relatée ?

En définitive, Paul est-il un escroc, un fabulateur ou un compositeur ??

Comments

[dourvac'h]

Duong Thu Huong a donc un ou une compatriote qui sait écrire des histoires aussi touchantes et profondes qu'elle... "La double vie d'Anna Song" de Minh Tran Huy est d'abord une tragédie... et que de questions irrésolues ! Merci à toi Sybilline, d'aiguiser ainsi notre curiosité... L'Amour seul explique la prise des risques aussi insensés : fabriquer du faux... pour être fidèle à la beauté des sentiments nés de l'Enfance et leur être fidèle... Et puis une admirable construction narrative !!!

PS : je ne sais si tu seras intéressée mais je viens d'entamer la publication "en ligne" de mon gros roman fantastique "PanGea" (déjà cinq chapitres visibles sur mon site)... Beau long w.-e. de Pentecôte à toi !

PS 2 : et mon nouveau site, "Le Fleuve-Littérature", naîtra ce 26 mai... annonce et lien ce jour-là, en "Regards Féériques" !

[Marie]

Ce roman est dans ma lal depuis un petit moment...

[Suzanne]

Je viens à peine d'en terminer la lecture et je suis, très honnêtement, soufflée! Non parce que c'est un chef d'oeuvre mais par toutes ces interrogations qui restent-là sans vraiment de réponse à moins de s'en inventer et de croire que nos solutions sont absolument exactes.
Paul était-il simplement amoureux fou ou un fieffé menteur/manipulateur?
Prenez le temps de découvrir cette histoire et pour «une pierre deux coups», une très belle plume également.

Merci Sybilline

[Kidae]

La quatrième de couverture ne m'avait pas convaincu de lire ce livre. Ton billet, lui, y est arrivé !

[Theoma]

Tout le monde en parle si bien et moi qui n'ai toujours pas envie de le lire...