Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Bibliophagie
24 mars 2010

Journal d'un crime

238460_0

Saint-Pons, ancien avocat et homme vieillissant, a toujours vécu sans égards pour les autres et dans cette forme de lâcheté qui consiste à ériger le démon du doute en maître de sa vie.

Réfugié dans un tissu de convenances, sans amis ni famille, Saint-Pons ne devient pourtant conscient de ce vide et de cette lâcheté qu’un soir où, déambulant sans but ni raisons, il sauve un homme prêt à se jeter dans la Seine.

Cet homme, Elio,  lui raconte alors comment, désargenté et démuni, il a sombré dans la désespérance lorsque sa femme l’a quitté. Saint-Pons s’engage dès lors à retrouver sa femme, à lui parler, à la convaincre de revenir. Il remet sa carte de visite à Elio, lui donne un billet pour s’offrir un repas et lui fait promettre de revenir le voir le lendemain.

C’est la police qui, retrouvant la carte de Saint-Pons, lui apprendra que deux heures après que les amis se sont séparés, Elio s’est suicidé.

Intrigué par ce geste que rien ne laissait plus soupçonner, Saint-Pons retrace le chemin parcouru par son ami après qu’ils se sont quittés. Recherche d’autant plus obstinée qu’il lui parait  qu’en résolvant cette énigme c’est le  propre sens de sa vie qui lui sera révélé.

Sa quête, désormais plus métaphysique que policière, le conduit pourtant à nouveau dans une impasse effrayante : En effet il apprend, au fil de son enquête, que l’ unique geste fraternel accompli au cours de sa vie égoïste , loin de soulager son ami, l’a précipité plus sûrement dans le désespoir., s’est comme  inversé en une sorte de crime involontaire. Révolté contre ce hasard catastrophique et insensé, Saint-Pons y introduit, de force, un nom et une intention : Un Dieu malin tout pascalien dont il prétend n’avoir été, lui, Saint-Pons, que l’instrument. Un instrument qui à la fois accepte et refuse son sort….

Commentaire

La plume exceptionnelle de Charles Bertin nous fait pénétrer dans un récit surprenant, dérangeant  parce qu’ à la fois étranger et très intimement familier : Ne sommes-nous pas tous, en effet, à certains moments de nos existences, enclins à refuser le malheur, la malchance, l’accident en tant que purs produits du hasard, et, parce qu’ils éveillent en nous révolte, sentiment d’injustice et incompréhension, ne leur créons-nous pas alors une adresse, une intention (Dieu, la société, les autres..) contre laquelle nous révolter, à accuser ?

Ne sommes-nous pas tous parfois des Saint-Pons qui n’échappons alors à la révolte stérile et haineuse qu’en reprenant sur nous-mêmes cette intention néfaste dite, pour l’occasion, inconsciente,  qu’en reportant, du coup, l’accusation sur nous-mêmes ?

 

Publicité
Commentaires
S
Je suis triste car je n'ai pas encore trouver ce roman sirop de sirop. Mais je ne lâche pas prise car il me tente pas à peu près ;-)
D
Une intrigue passionnante... on comprend néammoins les réticences du personnage de Saint-Pons... la peur de se faire happer par l'immense étendue de la misère du monde... détenons-nous vraiment la clé (les clés) pour la prendre à bras-le-corps sans risque vital pour nous ? Un personnage solitaire et kafkaïen passionnant... Merci de nous conseiller ce bien curieux roman qui semble si ambitieux... Amitié à toi, Sybilline !<br /> <br /> Je retiens le nom de Charles Bertin, mais termine d'abord l'extraordinaire "Les âmes grises" de Philippe Claudel... en littérature française, rien lu de plus fascinant depuis Julien Gracq...
A
Je ne connais pas du tout cet auteur, mais ton intéressant billet me donne envie de le découvrir.<br /> Je suis très contente aussi de te lire à nouveau.<br /> Bonne soirée Sybilline.
G
Hé ! Bon retour sur la blogo. je note le titre de ce livre qui me tente bien.
P
Je ne connais pas cet auteur mais ton billet me donne envie de m'y intéresser.
Bibliophagie
Publicité
Bibliophagie
Derniers commentaires
Publicité