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Bibliophagie
3 juin 2009

Le coeur cousu

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A Santavela, un village reculé de l'Espagne, les femmes de la famille dont l'histoire nous est ici contée se transmettent, après une longue et pénible initiation, des formules aux pouvoirs guérisseurs ainsi qu'un coffret que la jeune initiée ne pourra ouvrir qu'au bout de 9 mois, temps au cours duquel germera le don magique qu'un destin secret déjà lui assignait.

C'est ainsi que Frasquita, après 9 mois d'une attente héroïque, devient une magicienne dans l'art de la couture dont les robes pareront les femmes de beauté, dont les tissages marieront les coeurs et dont les sutures transfigureront les hommes.

Et parce que femme étonnante ne peut épouser qu'homme spécial, Frasquita s'unit à José, excellent menuisier mais homme sujet à de longues dépressions durant lesquelles, prostré dans son poulaillier, il finit par s'identifier à un coq. C'est d'ailleurs suite à sa passion pour les combats de coqs que José jouera, et perdra sa femme au profit d'un des fils du propriétaire local.

Frasquita, la femme perdue, devra dès lors fuir l'opprobre du village et partir, bien qu'enceinte, avec sa nombreuse progéniture, là où les routes la mèneront.

Long cheminement épuisant où la famille en dérive croise les troupes révolutionnaires aux prises avec l'armée ainsi qu'un ogre violeur et assassin d'enfants, traversée éprouvante au bout de laquelle Frasquita perd sa joie de vivre et sa raison tandis que le coffret passe de fille en fille, de l'ainée à la benjamine et que nait la petite dernière, Soledad, celle qui rompra le cycle des générations et des transmissions, celle qui demeurera célibataire et jamais n ouvrira le coffret, mais aussi celle qui engendrera le livre et tissera, à l'aide de mots et de signes, la fabuleuse, la douloureuse histoire des siens.

Commentaire

Il est à peine croyable que ce livre soit un premier roman, tant sa forme témoigne d'une maturité et d'un raffinement d'écriture exceptionnels ainsi que d'une poésie et d'une richesse symbolique rares, tant sa construction s'avère parfaitement élaborée et maîtrisée, tant son contenu, mêlant imagination, rêves, réalité, fantasmagorie et contes, tisse avec art les fils de l'âme féminine, de son destin et de sa liberté

"Depuis le premier soir et le premier matin, depuis la Genèse et le début des livres, le masculin couche avec l'Histoire. Mais il est d'autres récits. Des récits souterrains transmis dans le secret des femmes, des contes enfouis dans l'oreille des filles, sucés avec ie lait, des paroles bues aux lèvres des mères. Rien n'est plus fascinant que celte magie apprise avec le sang, apprise avec les règles.

Des choses sacrées se murmurent dans l'ombre des cuisines.

Au fond des vieilles casseroles, dans des odeurs d'épices, magie et recettes se côtoient. L'art culinaire des femmes regorge de mystère et de poésie.

Tout nous est enseigné à la fois : l'intensité du feu, l'eau du puits, la chaleur du fer, la blancheur d es draps, les fragrances, les proportions, les prières, les morts, l 'aiguille, et le fiI... et le fiI. »

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Commentaires
M
Je viens de découvrir ce roman grâce à un livre voyageur de Florinette. Que dire, sinon que c'est un récit sublime, envoutant, exceptionnel ?... Je ne possède pas suffisamment de mots pour décrire la richesse de ce livre...
P
Il est dans ma PAL et je compte le lire très bientôt!
S
J'ai hâte de le lire, celui-là!
S
Il a été un énorme coup de coeur. J'ai eu la chance de pouvoir interviewer Carole Martinez, grâce à Géraldine qui l'a rencontrée aux Étonnants Voyageurs. Elle est effectivement très intéressante. Du coup, j'ai emprunté "Cent ans de Solitude" à mes parents, puisqu'on rapproche souvent ces deux romans, mais je ne l'ai pas encore lu.
T
Incroyable en effet que ce soit un premier roman. Un livre immense!
Bibliophagie
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