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Bibliophagie
17 novembre 2008

Sms ou l'automne d'une passion

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Ce texte étonnant et magistral retrace  la vie et la mort de Jehanne, une jeune femme belle, fantasque et  intelligente. Au faîte de sa jeunesse et de sa beauté, Jehanne repousse sans ambages l’amour de Marc et tombe éperdument amoureuse de Serge, un jeune russe blanc  qui périra, peu après leur mariage, au cours d’un raid en pleine seconde guerre mondiale. Tandis que Marc, le jeune homme éconduit,  sublime son chagrin d’amour en devenant prêtre ouvrier, Jehanne, accablée de chagrin, entre dans les ordres afin d’y trouver consolation et déport d’amour.

Marc mène son sacerdoce avec amour et s’y réalise pleinement, sans oublier pour autant celle qu’il aima en vain. Par contre Jehanne, devenue sœur Marie Serge (d’où les initiales sms) ne parvient pas, malgré ses efforts, à réellement s’accoutumer à cette vie monacale faite de silence, de solitude et de dénuement absolu. Poursuivie par sa passion et  rongée de chagrin, elle sombrera dans la folie...

Commentaire

Dénommé «  roman –poème », ce livre splendide est un ample chant d’amour et de complainte, mais aussi une critique mi- révoltée mi- attristée de certaines dérives de la religion, ou plutôt de l’église, qui tantôt se pavane dans les ornements et les signes d’une richesse contre-évangélique, tantôt impose aux moniales un code de règles  si rigoureuses qu’elles étouffent toute joie de vivre et tout élan capable d’embrasser les beautés du monde.

Mais ce que ce texte somptueux recèle de plus grand, évoqué dans le contraste entre Marc, le religieux lancé au cœur de la pauvreté ouvrière, et sms, la bénédictine renfermée en ses dévotions, c’est l’annonce de ce que la religion, la vraie, se pratique plus souvent, et mieux, par ceux là même qui, laborieux et peinant, l’ ignorent, tout comme ils ignorent que leur vie est faite de davantage de foi, d’espérance et de charité que celle des dévots et des confits en religion.

« Cette campagne cauchoise qui I’ entourait

de toutes parts

Cette vie consacrée à la réflexion

et à la méditation

Qui échappait à la vie salariée/ aux petits chefs

A la bousculade des transports / aux travaux

dénués de sens

perfo ou caisse enregistreuse

N'était-ce pas un luxe

Même si sms/ quant à elle/ n’avait rien dans

les poches

Et pas grand-chose de plus dans sa cellule

qu’un lit et une table

N'était-ce pas/ et depuis toujours/ et même

au temps des grands fondateurs-constructeurs

Le contraire de I' esprit évangélique

L'o.s. / la secrétaire-mère-célibataire dans

leur achélème bruyant,/ bétonné de gris

Exploités / pressurés/ affolés de traites/

de fins de mois/ de dettes

Toujours en retard sur quelque chose ou

quelqu’un

Quand ce n’étaient pas les règles qui étaient

en retard

N'étaient-ils pas plus proches / infini-

ment proches dans leur égarements sans Dieu

De I' humilité et de l’amour prêchés il y a

Deux millénaires

Sur la montagne »

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Commentaires
S
je ne suis pas tentée par la lecture de ce livre, mais j'adhère profondément à la belle pensée que tu exprimes si bien dans ton analyse, Sibylline.
L
Le sujet m'intéresse beaucoup, mais je crois que j'aurais trop de mal avec le style... domage...
M
Je partage l'avis d'Aifelle. Mais en effet, ça a l'air très beau !
T
j'aime bien le thème mais le côté poème me met à distance de ce genre d'ouvrages. Ca va trois pages...
A
Je ne suis pas sûre d'accrocher à tout un livre écrit comme çà, mais les thèmes sont intéressants.
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