A tout jamais
A 52 ans, Bill Unwin a tenté de se suicider suite aux décès successifs de sa femme aimée, Ruth, une actrice célèbre, de sa mère, une femme frivole qui trompa son mari et précipita ainsi son suicide et de son beau-père Sam, qui souhaitait lui céder son usine de plastique.
Après son suicide manqué, Bill retrouve un sens de vie en mettant au jour les carnets de Matthew Pearce, un ancêtre de sa famille mais surtout un géomètre qui reçut le choc d’être un jour confronté à la perte de sa foi et de ses théories. En effet, ce fils d’un père horloger avait foi en l’existence d’un monde réglé par un Dieu horloger jusqu’à ce que ses pérégrinations l’amènent à reconnaître la vérité des thèses darwiniennes.
A la lumière de ces carnets où s’entrelacent la vie émotionnelle et la quête spirituelle de Pearce, Bill éclaircit ses propres débats métaphysiques et se déchiffre mieux lui-même. Sagesse nourrie de sagesse, il y acquiert petit à petit, à bas bruit, la capacité de renoncer et celle d’évoquer avec reconnaissance les bonheurs que la vie lui a réservés.
Commentaire
L’écriture de Swift, ample et d’une finesse exceptionnelle, exige néanmoins du lecteur une certaine application et une ouverture à l’instant dépouillée de toute attente parce que l’écrivain n’assure jamais un parcours linéaire à ses intrigues, mais suit le mouvement pensant de ses héros et insiste sur l'immédiateté de l'expérience, sur l'intensité de l'émotion.
Pour qui peut savourer l’éclat d’une parole sourcée à même le cœur et amoureuse d’une vérité inatteignable sans exiger une histoire palpitante, pour qui peut goûter le grain de sagesse habillée d’images superbes sans nécessiter le suspens ou la surprise d’un scénario bien agencé, ce roman sera une découverte, parfois ardue à la lecture, mais toujours riche et profondément humaine..
"Le mot « don » m 'embarrasse. Un don est-il quelque chose qui nous appartient ou non ? S'il est simplement quelque chose que nous avons, plutôt que nous ne le recevons, pourquoi utilisons-nous ce mot étrange de « don »? Et si un don est un vrai don, alors il est certain que ma mère avait raison - il vous échoit sans condition; vous pouvez le prendre ou le laisser, le choyer ou le renier. Mais Ruth n'aurait pas souscrit à cette vision des choses. Ruth aurait dit, je pense, bien qu'elle ne l'ait jamais fait en tant de mots, que nous devons servir nos dons. "