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Bibliophagie
25 octobre 2008

Le chemin du serpent

2742737685_08_LZZZZZZZSuite à un éboulement totalement inattendu dans la montagne, Jani, l'unique survivant du village dévasté, s'adresse à Dieu pour lui raconter l’histoire de ses proches et lui demander, sachant qu’il n’obtiendra pas de réponse : pourquoi as-Tu permis cela ?

Car rien ne fut épargné à cette famille pourtant nourrie de Bible et proche de Dieu : comme le père est décédé et les enfants jeunes, la mère ne parvient plus à payer le fermage dû au propriétaire, alors ce dernier instaure le paiement de ses dettes en nature, et ce seront ainsi successivement la mère de Jani, sa sœur et enfin sa femme qui, au prix d’elles-mêmes et de leurs corps, protégeront les leurs contre la misère absolue ou l’emprisonnement.

Mais d’autres malheurs accableront ces gens pieux : fausses-couches, accidents, maladies et même la mort d’Eva, l’aînée des filles.

A travers leurs tourments, leurs épreuves, leurs douleurs, Jani et les siens mettront leur foi et leur confiance en Dieu ; sans cesse, ils continueront d’invoquer Dieu,  un Dieu de silence, un Dieu de pure invocation, un Dieu absent.

Mais un jour, Jani se révolte contre les abus du propriétaire et c’est le drame...

Commentaire

L’un des thèmes majeurs de ce roman est celui de la dette :Entrée dans la vie sous le poids d’une dette infinie, cette famille de paysans vit dans la crainte des échéances de paiements et l’asservissement aux désirs d’un créancier impitoyable. On peut penser ici au péché originel, sauf que nous sommes exactement face à son contraire, puisque que, pour Dieu, c’est « Comme si l’homme à sa naissance avait déjà payé un petit bout de sa dette rien qu’en se chargeant du fardeau qu’est la vie humaine », le reste de la dette s’apurant en menant une vie bonne et digne.

Le second grand thème de ce livre est celui du silence de Dieu, l’incorruptible silence de Dieu  qui nous fait poser la question de son existence : « Seigneur, vers qui nous tourner ? » profère Jani,  en une adresse qui semble nier Celui auquel elle s’adresse.

Loin de répondre à la question sur l’existence de Dieu, Lindgren s’emploie à montrer les usages de Dieu  chez l’homme : Tandis que Dieu est un instrument de pression que le propriétaire utilise à son profit, Il est, pour les proches de Jani, la source de leur courage, de leurs espoirs et de leurs joies. Comme le dit Jani : grâce à Dieu « nous sommes pressés de toutes les manières, mais pas réduits à l’extrémité ; nous sommes en perplexité, mais pas sans espérance ; persécutés mais pas abandonnés, abattus mais pas entièrement perdus » 

Lindgren se révèle ici un immense auteur : Par la voix de Jani, il s’exprime dans un langage aux accents bibliques, un langage qui entrelace la simplicité et la grandeur, la terre et le ciel, un langage qui marie le corps et l’âme et, par sa tonalité à la fois orante et rugueuse, nous étreint au plus profond de l’être.

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Commentaires
S
moi je suis tentée!
D
Lindgren est un très grand auteur<br /> je suis en train de lire son dernier livre paru chez Actes Sud, la bible de Gustave Doré : un régal<br /> amitiés<br /> Denis
P
Pourquoi pas ? J'aime assez ce type de lectures métaphysiques.
F
C'est marrant mais moi il ne me tente pas du tout ce bouquin. <br /> Je passe...<br /> Bonne semaine. :)
S
Plus je lis et parcours les pages de ton blogue, plus je découvre des jolis trésors de lecture. merci Sibylline
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