Ciel bleu
Ciel bleu raconte la prime enfance de Galsan, jusqu’à ses 6/7 ans, au sein d’une famille de nomades touvas. Cette famille chaleureuse a accueilli une vieille femme isolée que l’enfant adopte immédiatement et aime comme sa propre grand-mère. Le petit Galsan aime aussi profondément, viscéralement, son pays vaste et beau, ses parents, son chien Arsilang, dont un rêve prémonitoire lui annonce la mort, et les jeunes moutons que, très tôt, il emmène paître.
Mais avec l’arrivée du communisme, son frère et sa sœur sont obligés de quitter la yourte pour une école éloignée dont ils ne rentreront qu’aux vacances. Quelques temps plus tard, la grand mère décède, au grand chagrin de l’enfant qui n’a désormais pour seul compagnon que son chien, ses parents étant accaparés par leurs lourdes tâches quotidiennes.
Vient alors un hiver effroyable, la tempête qui décime les troupeaux, l âpre lutte de chacun pour la survie des bêtes, l’épuisement ; un hiver au bout duquel l’enfant assiste à la mort atroce de son chien accidentellement empoisonné.
Alors l’enfant hurle sa douleur, sa révolte, sa souffrance et son enfance perdue. Il lance au ciel une longue imprécation où la colère clamée est comme le dernier cri avant que ne se lève le « Ciel bleu » d’un destin accepté ...
Commentaire
Au cœur de l’Altaï, dans ce vaste paysage austère et majestueux, la rudesse de la vie et l’ingratitude des éléments, loin de rebuter les hommes, renforcent encore leur amour de la terre, leur vénération envers ces lieux prêtés plus que conquis pour leurs itinérances, leur respect pour une nature qui se donne ou se retire selon son seul bon vouloir.
La dureté d’un quotidien qui ne se conquiert qu’à force d’un travail éreintant a forgé la nature de ces hommes et de ces femmes en un courage, une persévérance, une rigueur qui n’empêchent ni la tendresse, ni les émotions les plus vives.
C’est cet esprit du peuple touva que le jeune Galsan apprend, péniblement, à travers les épreuves et les pertes ; car nul, hélàs, ne grandit sans souffrir...
Ici, nature et hommes sont empreints d’une beauté sauvage que le style de Tschinag épouse à merveille. Sa langue, proche des origines de l’homme, se situe entre la parole des contes, les accents de la poésie et le chant des incantations, elle nous enchante, nous épure et nous émeut en profondeur parce qu’elle touche à l’essence même de l’homme.
Merci, Dourvac'h !