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Bibliophagie
20 septembre 2008

Le tailleur de la Grand-Rue

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Pietro est tailleur à Minéo, petit village de paysans laborieux que la misère guette en permanence. Parce que, durant l’hiver, personne ne lui commande plus de vêtements, et que la pauvreté où le tailleur se débat l’accable et ruine son cœur, il décide d’écrire son histoire selon une triple perspective : la sienne d’abord, puis en donnant voix au récit de sa sœur aimée, et enfin en prêtant sa parole et sa plume à son jeune fils Peppi âgé de 11 ans.

Dans ce village reculé où chacun peine sous un labeur ingrat et éreintant, où la soupe est pauvre et la faim tenace, les seuls événements marquants sont les caprices des éléments qui ruinent ou sauvent la récolte, les naissances et les décès, et surtout, la grande fête annuelle de la sainte Agrippine.

Peu d’événements donc, mais, d’un bout de la rue à l’autre, des petites scènes de la vie quotidienne : les regards vides des travailleurs au soir, les poupées faites d’une pierre oblongue munie d’un chiffon,  la crainte d’un esprit rôdeur, les espoirs toujours atermoyés....rendent un superbe hommage à la beauté de ces vies humbles et fragiles.

Commentaire

Ces souvenirs d'enfance sont racontés avec une émotion, une pudeur et une poésie bouleversantes. On se peut s’empêcher d’être émus tout au long de ce livre empreint d’un amour profond pour ces êtres et pour  ce pays.

En même temps que Bonaviri nous donne à entrevoir l’immense pauvreté de cette Sicile profonde, il nous dépeint cette merveilleuse faculté de rêver parmi ces gens qui ploient sous la dureté d’une âpre vie quotidienne et ce courage de résister quand tous les espoirs, encore une fois, s’effondrent.

Quand bien même Peppi doit travailler dur à un âge précoce, quand bien même sa rue est parsemée de déjections,  ses moments de joie rarissimes et sa faim quotidienne, rien ne parait plus déchirant au jeune garçon que l’idée de quitter, selon le projet de son père, son village tant aimé.

Accessoirement il est intéressant de noter que ce récit est autobiographique et que, dans la réalité, Bonaviri est le jeune Peppi. Ce qui provoque un curieux effet de perspective puisque le fils réel/narrateur donne la parole à son père qui lui-même se fait raconter, notamment, par son fils Peppi.

Curieuse perspective, mais, au fond, cette sorte de mise en abîme  n’exhume-t-elle pas une vérité propre à tout roman ?

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Giuseppe Bonaviri

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Bonaviri

Giuseppe Bonaviri est né en 1924 en Sicile. Fils d’un tailleur, il étudie la médecine et exerce longtemps la cardiologie au sud de Rome..

En 1954, son premier livre, « Le Tailleur de la grand-rue », prend place dans une première phase de l’œuvre, où la dimension onirique et fabuleuse cohabite encore avec certains canons du néoréalisme. A partir de « Martedina » (1960 ) Bonaviri entreprend de mêler science-fiction et conte philosophique, tradition orale et anticipation.

À l’écart de tout groupe littéraire, cet auteur dont chaque livre semble être un des éclats d’une inépuisable invention, s’impose aujourd’hui comme un des narrateurs les plus libres d’Italie.

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Commentaires
M
je ne connaissais pas
S
@ Liliba : Je suis sûre que tu aimeras ce livre!
L
Décidément, je ne connais pas non plus...
F
J'ai lu ce livre il y a fort longtemps je crois. Je ne sais pas si j'ai lu d'autres livres de cet écrivain mais ton billet me donne l'envie de renouer avec Bonaviri. Je file voir sur Amazon ce qu'il y a de disponible !<br /> :)
S
J'ai bien aimé la lecture de ce livre, ce beau témoignage de gens simples et fort pauvres écrit sans ostentation;
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