La mère horizontale

« Je n’ai de ma mère que des souvenirs horizontaux. Je ne la vois guère autrement que couchée, étendue, jetée à terre. Je ne me la rappelle qu’échouée. »

Fleur, la narratrice, nous décrit ainsi sa vie d’enfant auprès de Sabine, sa mère qui, alcoolique et droguée, sombrait chaque jour dans un sommeil comateux dont elle se réveillait enfin, honteuse et pleine de câlineries pour son enfant venue se lover contre elle. Chaque jour Fleur revenait de l’école dans l’angoisse de retrouver sa mère morte, tandis que son père quittait la maison, abandonnant femme et enfant à elles-mêmes. Mais Sabine est davantage victime que fautive. Sa propre mère Emma n’avait rien de maternel : égoïste, indifférente à ses enfants, elle ne pensait qu’à sortir, s’amuser, séduire des hommes. Et Sabine, la fille aînée, a tenté d’attirer le regard de sa mère en l’imitant avec le secours des drogues.

Quand elle a 12 ans, Fleur n'en peut plus et quitte sa mère qui s'en va dès lors dans les rues, clocharde misérable et égarée, jusqu’au jour où elle aboutit à l’hôpital où Fleur la retrouve, méconnaissable, atteinte d’un cancer au dernier stade.

Mais aujourd’hui, Fleur attend un enfant, une fille pense-t-elle, et elle se jure de lui épargner le destin de cette lignée de femmes si mal aimées, si blessées. Elle se jure, malgré les traces et les meurtrissures de son passé, de s’inventer une nouvelle façon d’être mère, et d’aimer..

Commentaire

A travers trois générations de femmes, Carole Zalberg explore les difficultés du devenir mère que chaque femme rencontre quand elle attend un enfant. Renoncer à son égoïsme et à une grande part de ses loisirs (ce qu’Emma n’a pu faire) ; offrir à son enfant sécurité et stabilité (ce que Sabine n’est pas parvenue à réaliser) ; ne pas se laisser submerger par les blessures du passé (ce à quoi Fleur aspire). L’auteur nous montre qu’être mère n’est pas un donné, mais demande du courage et la capacité d’aimer avec cet amour maternel si difficile et chaque fois à réinventer.

J’ai aimé l’écriture musicale, expressive, émouvante et lumineuse de cette auteur trop mal connue.

J’ai aimé cette façon si poétique de pénétrer au cœur des émotions les plus indéfinissables, de toucher, avec une extrême pudeur, à l’intime des palpitations et des soubresauts du cœur...

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Carole Zalberg

Carole Zalberg, née en 1965, est parolière, traductrice et romancière .
Déjà auteur de six romans, elle écrit également de la poésie. De plus, elle a rédigé les textes de diverses chansons

Comments

[cathulu]

Une de mes lectures "coup de coeur"!

[philo]

De la poèsie, de la tendresse et de la musique. Des ingrédients magiques pour faire un bon livre.
Le thème de la relation à la mère me touche de plus profondément. Je note en priorité.

[sybilline]

@ Sourifleur : J'ai trouvé beaucoup de tendresse, en effet, chez cette auteur. Je continuerai à la suivre.

[sourifleur]

Je viens de lire ce livre, fort bien écrit et j'ai également lu "chez eux", l'histoire d'une petite fille juive recueillie par des agriculteurs français. J'ai une petite préférence pour ce dernier roman,plus tendre.

[Fantasio]

Je le note également.:)