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Bibliophagie
26 août 2008

Le dieu des Petits Riens

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Ammu est une jeune femme courageuse et une mère aimante. Tout juste divorcée d’avec un homme alcoolique et brutal, elle revient vivre avec ses jumeaux, Etha et Rahel, auprès de sa mère, Mammachi, de sa tante, Baby Kochamma, et de son frère Chacko, lui aussi divorcé. Mais un double drame menace cette famille mal accordée.

Tout d’abord la mort par noyade de la petite Sophie Mol, l’enfant de Chacko revenue passer la Noël auprès de son père. Une noyade dont le livre parle à nombreuses reprises et sur laquelle un mystère plane...

Et ensuite le scandale des amours d’Ammu et de Velutha qui se rejoignent durant treize nuits dans la forêt. Entre la Touchable et l’Intouchable, cet amour est considéré comme contre-nature, et choque violemment dans cette Inde où le système des castes est dominant et sacré, particulièrement aux yeux de Mammachi et de Baby pour lesquelles les Intouchables se devaient de s'éloigner à reculons en balayant jusqu'à leurs propres traces sur le sol.

De ce double drame, la perfide et haineuse Baby Kochamma se saisira afin de nuire à tous comme le ferait un dieu féroce, cruel et destructeur.

D’abord elle accusera Velutha de la mort de la petite Sophie.

Ensuite elle veillera à ce qu’Ammu soit chassée du village pour mourir seule, malade et déchue, au fond d’un motel, enfin elle s’emploiera à ce que les jumeaux Rahel et Estha soient séparés. La première restant auprès de sa grand-mère, le second étant expulsé chez son père divorcé. A 31 ans, Estha, renvoyé par son père, revient à la demeure familiale. Mais il est devenu muet, figé depuis les événements de ses 8 ans. Rahel, avertie du retour de son frère, rentre aussitôt des USA pour tenter de sauver son frère jumeau...

Commentaire

Comme  la narration de cette fresque magistrale s’inscrit sous le signe de la remémoration, l’auteur nous engage à suivre les méandres de la mémoire avec ses incessants allers et retours, ses parcours erratiques, ses sautes sans transition d’une époque à l’autre, d’un personnage à l’autre. Et pourtant, à aucun moment ce parcours au gré de la mémoire ne gêne ni ne déconcerte, tant il se fait naturel, aisé et hautement cohérent .

Le style superbe, riche et d’une grande force poétique d’Arundhati Roy m’a bouleversée, et vraiment, je ne puis assez recommander aux amateurs d’une véritable Littérature, exigeante et humanisante, de savourer les mots et les phrases de ce roman qui les amènera à vibrer, craindre et souffrir en choeur avec ses personnages

En extrait, voici la rencontre de Velutha et d’Ammu :

"L’Histoire, surprise, perdit pied. Fut rejetée comme une vielle peau de serpent. Les marques, les cicatrices, les blessures qu’avaient laissées des guerres anciennes et l’époque où certains devaient marcher à reculons s’effacèrent brusquement. Pour faire place à une aura, un tremblement palpable aussi visible que l’eau dans une rivière ou le soleil dans le ciel. Aussi sensible que la chaleur d’une journée d’été ou la brève saccade du poisson qui tire sur la ligne. Tellement patent que personne ne remarqua rien.
L’espace d’un éclair, Velutha vit des choses qu’il n’avait jamais soupçonnées. Des choses jusqu’ici hors de portée, que les œillères de l’histoire avaient laissées dans l’ombre.
Des choses d’une simplicité extrême.
Il vit par exemple que la mère de Rahel était une femme.
"...

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Commentaires
S
je n'ai absolument pas accroché à ce roman, au point de ne pas le terminer, ce qui est rare en ce qui me concerne
S
@ Dourvac'h : je note ton conseil de lecture, surtout que je n'ai jamais été déçue par tes recommandations de lecture. Tu m'as permis de faire quelques découvertes magnifiques, d'ailleurs!
D
Ma chère Fée a lu ce livre il ya quelques années et a chaleureusement recommandé à moult personnes (dont moi) de le lire... et j'ai oublié ! Bon, j' vais l' rechercher vite... à moins que quelqu'un l'ait "emprunté" et ne nous l'ait jamais rendu (coup classique...).<br /> <br /> Bises et bravo à toi ! <br /> <br /> Mais bon sang, me dis-je, chère Sybilline, nous aurions (presque) les mêmes goûts, alors !!! ... Et tu nous parlerais du superbe "Les Cerfs-volants de Kaboul" de Khaled HOSSEINI ? (rien à voir avec le pensum complaisant de Yasmina Khadra... )
M
Pendant très longtemps, j'ai eu envie de lire ce livre. Puis j'ai lu pas mal d'avis négatifs et je l'ai un peu oublié. J'ai peur qu'il soit un peu trop sombre et remplis malheurs.
A
Je l'avais déjà noté sur un autre blog, mais ton commentaire me rappelle qu'il est sur ma LAL et tout ça me donne très envie de le lire...
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