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Bibliophagie
24 août 2008

Florence Ben Sadoun

jury_bensadoun

Florence Ben Sadoun est directrice de la rédaction de Première, journaliste à ELLE et chroniqueuse cinéma à France Culture

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La fausse veuve

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la_fausse_veuve_couv

Comme en une longue lettre posthume, la fausse veuve s’adresse à son amant décédé suite à une longue paralysie qui ne lui laissait que le clignement d’un oeil en guise de langage.

Si aujourd’hui, la fausse veuve prend la plume, ce n’est pas tant pour célébrer son amour ou exprimer sa douleur, mais surtout pour revendiquer, avec colère et révolte, son statut d’amante choisie, élue, pour laquelle l’homme aimé allait quitter sa femme lorsque l’accident s’est produit.

Elle clame l’injustice de sa mise au rebut face à l’épouse légitime et fidèle, celle qui pleure pourtant encore son mari alors que la fausse veuve s’ébat déjà joyeusement dans les bras d’amants divers.

Egocentrique, revancharde, celle qui n’a de nom que la fausse veuve réclame les honneurs d’un amour passionnel et tout physique  entre l’homme aujourd’hui paralysé, et largement médiatisé, et elle-même, mais un amour qui se découvre peu à peu chargé de haine et de possessivité : «  Tant que tu me fais du mal » écrit-elle, « tu vis. Ca veut dire aussi que tu m’aimes, alors je vis. »

Et à présent qu’elle a échappé à la loi de fer et à la possessivité jalouse de son amant qui, paralysé, ne peut plus rien lui imposer, la fausse veuve se réjouit  de ses frasques diverses et s'accorde enfin le droit de dire « tu » à celui qui, par discrétion sociale et familiale, lui avait interdit d’utiliser ce pronom.

Commentaire

Ce récit m’a profondément déçue, parce que, m'attendant au vu des premières pages du livre et de la quatrième de couverture à une lettre ultime de déclaration d'amour, ou d'adieu à l'amant défunt, je n’ai entendu que la revendication d’une femme qui exige la reconnaissance sociale bien plus qu’elle ne pleure l’absent.

A aucun moment, je n’ai ressenti un mouvement de tendresse envers son amant , pas l’ombre d’une reconnaissance envers ceux qui prenent soin de l’homme immobilisé, pas la moindre trace de compassion à l’égard de l’épouse ou des enfants dont l’époux, le père vit dans une agonie constante. Car la fausse veuve est trop fermée sur son amertume,  son dépit de n’être que fausse veuve et les bonheurs qu’elle s’accorde par ailleurs pour penser à quiconque en dehors d’elle-même..

Quant au style de l’auteur, il est certes travaillé, parfois un peu trop même, avec  des pointes d’intellectualisme qui dénotent dans le contexte  de son livre, mais aussi  avec des vraies réussites d’écriture qui donnent à penser que l’auteur peut espérer un avenir prometteur.

Merci à "Chez-les-filles" et à Denoël pour l'heureuse réception de ce livre et la confiance qu'ils m'ont faite en m'en proposant la lecture

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Commentaires
C
Quelle impolitesse de critiquer un cadeau ! :) je plaisante bien sûr, car j'en ai fait de même...
L
je suis donc heureux de n'avoir pas répondu aux sollicitations poussées dudit site...je vois ce livre sur tous les blogs, sûrement offerts à tous lecteur ayant un blog... <br /> je suis ravi que malgré le 'cadeau', vous restiez indépendante dans votre jugement !<br /> bien à vous
H
Je n'ai pas du tout mais pas du tout aimé ce livre!<br /> Le vouvoiement et le tutoiement en même temps ne m'a pas plu du tout!
B
J'avais décliné la proposition de "chez-les-filles" (le thème du livre ne m'attirait pas) et je constate que les commentaires à son sujet se suivent et ne se ressemblent pas forcément : c'est toujours intéressant de voir à quel point un livre peut être ressenti différemment !
S
Je n'ai pas trop envie de le lire non plus! Je trouve le personnage central un peu trop égoïste!
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