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Bibliophagie
29 juillet 2008

La Boite en Os

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Cet étonnant petit livre débute par la rencontre inopinée de Norbert, le narrateur, et de son ami John Mac Corgeag, sorti d’un long internement pour raison de démence.

John conte alors à son ami le lent déploiement de cette folie, dont les premiers jalons s’ébauchent déjà dès l’enfance, plus particulièrement dès sa rencontre avec Margaret, la compagne de ses jeux dont les yeux le fascinaient parce que, portes vers l’âme, ils étaient également les fermetures sur l’intime secret de l’être.

La petite Margaret devra déménager, mais, jeune fille, elle reviendra au lieu de son enfance.  C’est alors que commence la passion entre elle et John, une folle passion qui se brûlera les ailes aux feux de la volonté de John de pénétrer l’Autre jusqu’en son mystère.

Pour entrer au coeur des pensées de sa femme, John la tuera en lui brisant le crâne, siège présumé de l’altérité de l’Autre ; en suite de quoi, sombré dans la folie, il pratiquera la nécrophilie sur le cadavre de l’aimée.

John a donc échoué dans sa quête de l’impossible, mais celle-ci sera transmise et reprise par son petit fils, également du nom de John, qui s’éprendra avec la même passion folle et cette fois l’élue sera Lucie, la petite-fille préférée de Norbert ... 

Commentaire

Vous l’aurez remarqué, j’ai, à chaque fois, utilisé le terme de « passion »  sans jamais employer celui d’ « amour » dont l’auteur elle-même et les critiques usent pourtant abondamment.

Car, en effet, comment  parler d’amour quand il ne s’agit que de fusion, puis d’appropriation, et enfin de véritable viol de ce qui fait de l’autre un Autre... pour n’étreindre dès lors que sa carcasse désertée.

Et non seulement ne s’agit-il pas ici d’amour, - puisque l’amour implique le respect de l’Autre et la vénération de cette part divine en lui qui nous dépasse et nous échappe-,  mais il y a même un projet haineux, destructif et jaloux  dans ce désir d’appropriation.

Une des choses qui me dérange profondément dans ce petit livre, c’est que,  si le roman nous fait bien sentir cette haine sourde, jamais il ne la reconnaît, s’obstinant à (se) faire croire à l’amour  tout en déployant pourtant l’histoire d’un homme qui, voulant s’approprier un savoir divin,  devient une incarnation satanique effroyable (comme on le sait depuis Adam et Eve...).

Ecrit d’une manière efficace, claire et fluide, ce roman longtemps ignoré, est revenu depuis peu sur la scène, et fut immédiatement qualifié de fascinant. Notre époque serait-elle trop facilement fascinée par ce qui est satanique ?

..

Merci, Argantel, de m'avoir si gentiment prêté ce livre déroutant ! (je viens d'ailleurs de te le rendre via la poste..)

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Commentaires
S
Un roman que j'ai lu il y a quelques années et que j'avais vraiment bien aimé.
C
Ton commentaire est intéressant. Si l'on écoutait les médias, un homme qui tabasse sa compagne à mort, c'est de l'amour, aussi... Il y bel et bien une fascination pour le mal et le morbide actuellement ; heureusement, on est pas obligée d'y adhérer.
M
La critique que tu fais de ce petit roman pique ma curiosité! je le note!
F
Un livre qui a l'air "terrible" en effet. Je ne connais pas du tout.<br /> Je crois que toutes les époques sont fascinées par le satanisme et l'horreur. C'est bien normal, je trouve, que de s'intéresser aux limites de l'humanité.
K
Hmmmm... je pense que ce n'est pas pour moi. Surtout si l'auteure appelle ça de l'amour!!! brrrr!!!
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