Belek, une chasse dans le Haut-Altaï
Belek, un homme simple et pauvre, parvenu au crépuscule de sa vie, tua un loup sans autre arme qu’un gourdin et son sens du devoir.
Car Belek, le gardien de troupeau, se laissa un jour piéger par une bande de vauriens et permit ainsi qu’on tuât les petits d’un loup réchappé au massacre, un crime qui lui valut l’ostracisme de sa tribu , un crime qui se devait d’être puni par les loups vengeurs qui décimèrent les troupeaux . Alors Belek partit, et tenta, à plusieurs reprises et toujours vainement, de tuer le loup en posant un appât, hélas toujours dévoré durant le court sommeil du chasseur posté aux aguets.
Revenu piètrement au sein de sa tribu, Belek ne put épouser celle qu’il aimait, et n’accéda jamais au bonheur simple auquel il aspirait. Mais un jour, tout à la fin de sa vie, Belek rencontra enfin le loup ...
La seconde histoire Touva, qui complète l'ouvrage, est narrée par un vieil homme, Dshaniwek, à qui, jadis, un riche propriétaire vola la femme aimée alors qu’elle portait son enfant. Brisé, l’homme se réfugia dans ses fonctions au sein du parti communiste en place. Ces hautes intances, ayant eut vent de cette paternité secrète et prenant ombrage de la désertion du jeune fils engagé dans l’armée, chargèrent le père de poursuivre et d’abattre le fugitif . C’est au cœur d’un paysage aride saisi par les neiges glacées de l'hiver du Haut-Altaï qu’aura lieu cette longue traque où sans vêtements adéquats ni vivres, Bajnak, le jeune fils fuira tel un loup, un loup qui ne se rendra jamais mais combattra jusqu’au bout avec un courage et une endurance bestiales et sublimes..
Commentaire
Le titre ne m’inspirait guère, une histoire de chasse aux loups ne suscitant pas d’emblée mon enthousiasme. Mais là, ô surprise, j’ai été captivée de bout en bout par l’extraordinaire talent de conteur de Tschinag, par sa langue poétique et envoûtante, par les sublimes descriptions de son pays où règnent en maîtres le vent des steppes, les pierres glacées et les troupeaux innombrables.
Parmi ces hommes rudes et durs, dans un monde patriarcal, mais non dénue de générosité, les hommes souffrent et luttent pour maintenir leur dignité et se créer un petit havre de bonheur, les femmes se laissent voler et , sans être maltraitées, ne vivent que silencieuses et discrètes.
Tel un aède soufflant dans un instrument antique à la voix de vent, Tschinag nous enchante et nous entraîne dans ses complaintes tragiques, nostalgiques et poétiques au sein d’un paysage « dur comme la pierre et déchirant comme la nostalgie du soleil au soir de l'hiver »
Merci Dourvac’h de m’avoir conseillé la lecture de cet auteur prodigieux...