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Bibliophagie
24 juin 2008

Belle-mère

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Répondant à une annonce matrimoniale, Eudoxie, couturière à domicile, rencontre, puis épouse Armand dont le fils, Lucien, est un adulte de 30 ans frôlant la folie, taciturne et solitaire. Le fils refuse de côtoyer sa belle-mère par fidélité à sa propre mère avec laquelle il semble avoir entretenu une relation fusionnelle, tous deux ayant formé un couple opposé à Armand, le père. Mais d’où provient une telle animosité envers le père? On soupçonne ici un secret dont le sens s’esquisse dans le filigrane du texte...

Cinq années plus tard, la guerre surgit, fatale à Armand. Dès lors Eudoxie se retrouve seule en compagnie de son beau-fils

A force de respect, de paroles et de billets lancés comme des fils libres,  elle finit par tisser avec lui un lien qui le rend, par moments, à son intelligence et à ses talents, tandis qu’à d’autres, les forces destructrices de femmes (mère et tantes) décédées viennent  reprendre possession de son esprit.

Cette relation de proximité distante se poursuit au fil des ans, dans une immobilité faite de la tranquille et généreuse sérénité d’Eudoxie et de la permanente instabilité de Lucien ; mais l’âge apporte néanmoins avec lui son lot de restrictions et d’incapacités grandissantes...

Commentaire

Pujade-Renaud confère à son écriture la délicatesse dont elle dote son personnage principal : Eudoxie – la très justement nommée – celle qui pense selon le bien.

Humble, sensible, discrète,  Eudoxie ne bouleversera pas l’ordre et la disposition que celle qui l’a précédée a instauré et acceptera de bonne grâce ce mari taciturne et ce beau-fils si fuyant.

D’eux deux, dont elle soupçonne un lourd passé, elle n’exige jamais aucune réponse, aucune révélation, mais elle demeure, simplement, tout à leur écoute. Tout à celle de Lucien surtout, car elle semble capter l’écho de ces phrases égrenées en aparté dans lesquelles il exprime ses peurs et sa terreur d’être englouti par ce qu’il nomme « ses femmes ».

« Ses femmes » que l’on devine être surtout sa mère, cette Blaisine qui haïssait le père et le noircissait aux yeux de son fils, cette mère qui tenait Lucien dans les fils de son amour subtilement castrateur et dévorant.

La présence aimante de la belle-mère, toute de respect et d’attentions envers ce fils sauvage, parviendra à le libérer, par moments, de cette emprise destructrice et naitra ainsi, entre eux, une entente où les gestes d’attention, les billets glissés sous la porte, les paroles toujours rares seront l’essentiel d’un « dialogue » entrecoupé de rechutes et de crises...

Ce très beau roman,  qui ne verse ni dans la mièvrerie, ni dans la dramatisation, me donne bien l’envie de plonger plus avant dans l’univers de cette auteur ...

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Commentaires
S
j'ai beaucoup aimé cette histoire à la fois sobre et fort nuancée, très intérieure.
K
C'est un livre qui me tente énormément depuis un bon moment... je suis intriguée par cette histoire...
L
Je ne connais pas, mais je ne sais pas... pas sûre d'accrocher
M
J'avais lu avec engouement Le Désert de la Grâce.<br /> Une auteur à la forte psychologie et à l'écriture forte.<br /> Bon week end Sybilline
N
J'ai ce livre en attente dans ma PAL, Sybilline ... Je l'ai découvert grâce à Florinette et je l'avais trouvé très beau par son histoire atypique. Je sens qu'il va être lu avant la fin de l'été, celui-là ;o)) Merci pour ce beau billet tout en finesse.
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