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Bibliophagie
6 juin 2008

La Porte

9782878581836M

La Porte est une autobiographie et une confession dans lesquelles la narratrice retrace sa relation avec Emerence qui fut sa femme de ménage pendant une vingtaine d’années.
Si Magda Szabo éprouve tantôt la peur, tantôt la révolte face aux rudesses, aux susceptibilités, aux jugements tranchants et à la dictature d’Emerence, elle ressent également un grande admiration et une immense tendresse pour la vieille dame qui est l’incarnation même de la générosité absolue : « Il est vrai qu' Emerence n 'aimait pas n’ importe comment, elle aimait d’ une manière qu'elle aurait pu découvrir dans la Bible si toutefois elle en avait une, ou si à l'époque où elle allait à l'école on lui avait mieux fait connaître les apôtres. » De plus, la vieille dame possède un courage et une intelligence redoutables et s’est prise d’une affection exigeante envers Magda .

Emerence vit en recluse, interdisant à quiconque de franchir la Porte de sa maison, mais un jour, lors d’une occasion unique, elle invitera Magda à ouvrir cette Porte et à pénétrer son secret jalousement gardé.

Quelques temps plus tard, la vieille dame tombe malade, et Magda, par amour, par souci d’Emerence, commet l’impardonnable, comprenant trop tard ce qui maintenait son amie debout au milieu de sa vie dure et solitaire

Commentaire

Magda Szabo relate cette relation extraordinaire avec une admirable franchise : Humblement, elle reconnaît ses manquements dont sa jeunesse et les sollicitations de son métier d’écrivain sont les principaux responsables ; avec respect et admiration elle illustre le courage, la générosité et l’intransigeance d’Emerence, mais aussi, sans ménagements, elle raconte leurs disputes, les invectives violentes de la vieille dame qui suscitent en elle révolte et souffrance.

Nous entrons ainsi en plein cœur d’une relation tramée en clair obscur,  en amour-haine, en violence-tendresse ; bref, en toutes ces contradictions qui sont le fond de notre humanité.

J’ai adoré ce roman poignant, intense, tout en émotions, avec son climat qui évoque les tragédies antiques tant le personnage d’Emerence en possède le tempérament et l’allure mais où cependant la tendresse et la bonté l’emportent toujours sur la violence.

Ce très beau livre est, enfin, une réflexion profonde sur la responsabilité dans laquelle l’Amitié nous engage et sur les limites de ce que nous avons le droit de faire pour le bien de l’autre

Un extrait :

« Je la suivis des yeux, cherchant pourquoi elle tenait à moi alors que j'étais si différente d'elle, je ne comprenais pas ce qu'elle aimait tant en moi. J'écrivais, j'étais encore jeune. Je n'avais pas analysé à fond à quel point l'affection est un sentiment illogique, mortel, imprévisible, et pourtant je connaissais la littérature grecque qui ne représentait rien d'autre que les passions, la mort, dont la hache étincelante est tenue par les mains enlacées de l'amour et de l’affection. »

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Commentaires
P
Je crois que je vais me laisser tenter aussi. Au pasage heureuse que tu aies aussi beaucoup apprécié Quatre soldats.
S
Oui, je l'ai lu, Liliba, et tu as raison, il est superbe! D'ailleurs, si tu l'as tant aimé, tu aimeras certainement "La Porte" (vivement les vacances pour que tu puisses le lire en journée!)
L
Il est dans ma PAL depuis 1 an, mais je dois trouver le temps pour le lire dans la journée, car c'est écrit minuscule, et le soir je ne vois plus rien...<br /> As-tu lu La ballade d'Iza du même auteur ? Superbe !
S
Et de mon côté, je suis impatiente de lire vos avis, Marianne et Fantasio!
F
Je dois dire que je suis tenté aussi... <br /> ;)
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