Les Heures
Les Heures tresse ensemble trois parcours de femmes liées par un livre « Mrs Dalloway ». Au début du siècle, dans sa retraite, Virginia Woolf, malade, mûrit son Mrs Dalloway. Dans les années cinquante, Laura Brown, mère du petit Richie, se passionne pour la lecture de Mrs. Dalloway et peine à rentrer dans son rôle de femme au foyer .Enfin, de nos jours, Clarissa, une éditrice, organise une réception en l’honneur de Richard, son ami de toujours, un poète homosexuel atteint du SIDA et qui la surnomme Mrs Dalloway
L’auteur les montre toutes trois travaillées par la question de la mort et du suicide, par le doute quant à leurs choix de vie, par la sensation douloureuse de jouer leurs vies plus que de la vivre et par la conscience de ne pouvoir s’abandonner véritablement à l’amour qui leur est donné.
Elles finiront par se rencontrer comme se rencontrent l’écrivain, son lecteur et le personnage principal d’un roman....
Commentaire
Michael Cunningham a adopté, dans ce fort beau roman, la prose woolfienne, avec ses infimes mouvements du cœur, ses touches délicates, ses tons impressionnistes, sa sensibilité à fleur de peau. Il est étonnant, et merveilleux, qu’un auteur ait pu se glisser avec une telle aisance dans l’écriture d’une femme et les méandres du cœur de trois femmes..
Virginia, l’écrivaine, se voit, le livre durant, sujette à la plus profonde torture intérieure et à des maux de tête violents. Laura, la lectrice, est, à la suite de Virginia Woolf, tourmentée par son incompétence à vivre et ne trouve de refuge que dans les livres. Clarissa, l’héroïne du roman, connaît une vie jalonnée de questionnements mais, malgré tout, équilibrée. Cunningham réussit ainsi ce tour de force de mettre en personnages le lien des trois partenaires compris dans l’acte de lecture.
Superbe !