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Bibliophagie
6 mai 2008

La dédicace

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Abandonné par son amie, Richard Schroubek, erre, désespéré, dans l'appartement déserté. Pourquoi Hannah est-elle partie ? Où et comment vit-elle sans lui ? Ces questions lancinantes le harcèlent constamment.

Pour se consacrer entièrement à sa quête, il a quitté son travail, et, peu à peu, rompu tous ses liens avec le monde.  Bientôt il se néglige  et s’enferme complètement. Seule le maintient dans un semblant de vie l’écriture d’un journal méticuleux et tourmenté relatant ces heures qui n’en sont plus faute de repères, un journal peuplé de ruminations vaines et désolées autour de l’absente, un journal qu’il lui dédie et espère un jour lui offrir dans la conviction folle que sa lecture la ramènera à lui.

Mais tandis que Richard perdra la raison dans cette entreprise, Hannah perdra la dédicace au moment même de sa réception....

Commentaire

Le narrateur-scripteur est doué d’une grande lucidité à laquelle il parvient grâce à  son sens affiné de l’introspection, mais la quête de ce qui, en lui, grouillait dans le silence, ne mène qu’au désespoir, un désespoir non de ce qu’il découvre en lui, mais de sa perception aigüe de la vanité de son être et de l’absurdité de son entreprise.

Parce que Botho Strauss écrit dans un style classique d’une grande beauté, parce qu’il truffe sa narration de réflexions philosophiques, parce qu’il est un auteur de la désespérance et de la   désillusion, il apparaît comme le continuateur fidèle des romantiques allemands, et fait figure à part dans le paysage littéraire actuel

Ce roman, sombre rumination d’un homme qui tente de vaincre son immense détresse par la transcription fidèle des menus faits quotidiens  et par la réflexion  sur son état de dépression, se lit sans joie, mais avec une profonde admiration...

Voici l'une de ses multiples réflexions adjacentes :  « Plus une conversation est intime ou privée, plus nous nous embrouillons souvent dans des contradictions et des ambiguïtés. Nous sentons immédiatement comment cela se passe, il n'v a pas moyen de l'éviter. Non parce que nous sommes particulièrement incohérents ou négligents, mais parce que nous sommes titillés par l'espoir que I'autre a sous les veux la totalité de notre être ou du moins un de ses fantômes en lequel toutes nos remarques aberrantes nos contradictions et gargouillements se fondraient comme par miracle en un ordre meilleur et plus riche. »

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