84, Charing Cross Road
1949. Helene Hanff est une américaine plutôt désargentée, mais elle s’autorise un seul luxe : les livres anciens, de préférence en édition originale.
Mais l’Amérique d'après-guerre en est fort dépourvue, ou alors ne vend qu’à prix d’or de tels livres, aussi, Helene Hanff décide-t-elle de s'adresser à la librairie londonienne « chez Marks & Co. », au 84, Charing Cross Road, spécialisée dans les livres épuisés, rares et anciens d’occasion.
Une relation d’abord purement commerciale va s’ensuivre entre Helene et le libraire, Frank Doel, une correspondance dont le centre est l'amour des livres et des auteurs anciens. Petit à petit s’instaurera, au cœur de ces lettres de commandes et d’envois, une amitié toute de réserve, sans aucune ambiguïté sentimentale, qui se poursuivra durant vingt ans.
Originale, bourrue et drôle, HH est également généreuse, n’ hésitant pas, malgré ses faibles revenus, à envoyer des colis alimentaires au personnel de la librairie Marks & Co.( du jambon, des œufs.. ) au moment où l’Angleterre souffre d’un rationnement strict. Mais elle sera largement payée de retour en gentillesse auprès des membres du personnel
Commentaire
Helene Hanff a une plume drôle et fine, un coeur d'or sous des apparences parfois bourrues, une verve tantôt ironique, tantôt enflammée, selon la qualité des livres dont un envoi lui parvient.
De son côté, Frank Doël maintient une réserve toute britannique , à travers laquelle passe parfois une pointe d’humour, une émotion réelle, voire une belle sensibilité lorsque, par exemple, il suspend quelques temps sa correspondance suite à une lettre particulièrement véhémente de l’américaine fâchée d’un envoi.
Alors, malgré les éloges qu’a reçu ce petit livre, je me prends à douter :
Cette correspondance, englobée dans un cadre livresque de commandes et d’envois, est-elle réellement exceptionnelle parce qu’Hélène Hanff a un tempérament vif et passionné, parce qu’au-delà du rapport commercial l’on s’inquiète de l’autre ou qu’on lui manifeste sa reconnaissance par un petit cadeau ?
Plutôt que de s’enthousiasmer pour un tel livre, agréable sans plus, ne faudrait-il pas se demander : Pourquoi ne sommes-nous plus capables d’instaurer cette touche humaine dans nos rapports de vente-achats ?