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Bibliophagie
10 avril 2008

La puissance des mouches

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Ce titre est emprunté à une pensée de Pascal: «La puissance des mouches: elles gagnent des batailles, empêchent notre âme d'agir, mangent notre corps.»

Le narrateur de ce roman, guide au musée de Port-Royal des Champs, est en prison pour meurtre . Tour à tour interrogé par son avocat, son juge, son psychiatre et son infirmier, il raconte, en rhéteur et en paranoïaque accomplis, les injustices, les brimades, les mécompréhensions dont il fut depuis toujours l’objet 

Un père tyrannique, brutal, qui fit le malheur de son épouse et de l’enfant, une femme indigne de lui, qu’il n'a cessé de persécuter sans parvenir à la faire se détacher de lui, un chef stupide et obtus, des visiteurs ignares et vulgaires...Telle  est sa version des faits

Car le narrateur a lu Pascal. Il en a extrait ce qui convenait à son besoin de sentences et tient à propager l’impression redoutable que Pascal a produit sur lui.  A cet effet, il assène quelques Pensées bien senties aux visiteurs du musée avec une autorité qui ne plaît pas toujours.

Commentaire

Ce livre nous livre le portrait terrifiant d’un homme plein de haine, mais d’une haine pathétique, d’une haine qui trahit une profonde douleur... «La haine a la puissance des mouches. La haine aime la merde. Sa parenté avec les mouches réside encore dans ce trait.»
Et le miracle de Salvayre, c’est de pouvoir nous montrer cette haine, nous faire ressentir ce pathétique en utilisant le principe d’une ironie jamais grinçante, d’une ironie pleine d’humanité et de respect, tant et si bien que cet homme odieux, et qui souffre d’une passion paranoïde inspire, par delà sa méchanceté, une profonde compassion.
Je ne connais aucun auteur qui puisse réaliser ce tour de magie là....

Le narrateur joue de tous les registres élocutoires dont Salvayre est friande : mordant, sarcasme, cocasserie, grandiloquence, mégalomanie, pour notre plus grande jubilation.

NB : Il faut reconnaître que si les premiers romans de cette auteur sont remarquables, les derniers paraissent nettement en perte, non de leur verve, mais de leur inspiration..

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Commentaires
S
je n'ai pas tellement aimé ce livre, je lui préfère "la vie commune" qui nous présente avec humour, lucidité et finese, une magnifique analyse des sentiments profonds (et pas toujours agréables à ressentir ou à avouer) qui peuvent affecter nos semblables (y compris nous-mêmes!).
A
J'adore quand les auteurs arrivent à nous faire partager un vrai sentiment. <br /> Ca a l'air d'être le cas ici donc je vais rajouter ce livre dans ma pile "à lire" :-)
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