Vertiges

29 mars 2008

Sebald s’est engagé dans un voyage où surgissent, au gré des lieux et des paysages, les visages de Stendhal, de Kafka, de Casanova. Que cherche l'auteur au cours de cette errance solitaire et mélancolique ?

S'il suit ainsi la trajectoire de Stendhal entre la France et l'Italie, et sa transformation de soldat en écrivain, c'est pour traduire son propre état : Sebald sait, en effet, qu’il se trouve dans un creux où sa vie doit se reprendre, autrement

Casanova enfermé dans le palais des doges est saisi d’une peur immense et n’a plus, dès lors, qu’une idée en tête, fuir . Cet épisode, remémoré à Venise correspond à un état similaire d’affolement et de fuite chez l’auteur à cette étape de sa route et de sa vie.

Et que l’auteur se sente ensuite une gemellité avec Kafka, parcourant tous deux les mêmes villes avec pour bagage leurs désarrois, que Sebald, dans le même temps, ne cesse d’apercevoir des couples de jumeaux, n’y a-t-il pas là de quoi donner le vertige ?

Et l’on comprend que ce singulier voyage dans l'espace européen, dans la culture et dans les pas de quelques hommes célèbres, est surtout un voyage jusqu'au bout de lui-même.

Commentaire

L’œuvre de Sebald sort du cadre de nos habitudes de lecture, parce qu’elle adopte toujours la forme de carnets de voyage érudits, agrémentés de photographies en noir et blanc. Il me semble toutefois inapproprié de le classer parmi les écrivains voyageurs, en vertu justement de cette connaissance, à la fois livresque et intime, des êtres ( des écrivains le plus fréquemment) qui ont traversé jadis ces paysages.

L’érudition de l’auteur est telle que l’ évocation de certains hommes du passé, venus à l’esprit de l’auteur en vertu d’un rapprochement d’esprit ou d’état émotif, semble provenir de ses propres souvenirs.

Le ton de Sebald est celui d’un homme d’une extrême sensibilité, toujours à fleur d' émotion, mélancolique, amoureux passionné des êtres et des choses, et qui porte ses nombreux souvenirs à la fois comme une pesanteur, comme une grâce et comme une nostalgie...